Dans un livre à paraître en mai au Québec, Le syndrome du bien-être, deux enseignants chercheurs suédois et néozélandais, Carl Cederström et André Spicer, s’intéressent à ceux qui sont devenus des «ayatollahs du bien-être». En visant un corps parfait, un régime alimentaire idéal, la quête absolue du bien-être révélerait une anxiété profonde et une image défaillante de soi.
Le culte du corps parfait fait de plus en plus d’adeptes: les accrocs au sport, aux heures d’entraînement à rallonge, à la musculature imposante, aux régimes drastiques. Pour certains, la recherche de bien-être prend des allures d’autosurveillance et d’efforts quotidiens, à l’inverse du lâcher-prise.
Côté alimentation, le phénomène s’appelle l’orthorexie. La nourriture est envisagée exclusivement comme un médicament, un «comptoir de pharmacie».
Les auteurs montrent dans ce livre comment la recherche du bien-être optimal, loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts, peut provoquer un sentiment de mal-être et participe au repli sur soi, d’où le terme de syndrome évoqué dans le titre. Même constat dans les entreprises où les sessions de coaching et les méthodes innovantes sont censées augmenter notre productivité.
Sont visés aussi les adeptes du quantified self, qui mesurent avec multitude de gadgets et d’applis santé chacun de leurs faits et gestes, performances, etc. Dans cet univers parfait, la bonne santé devient «un impératif moral», «une idéologie» selon les auteurs. Développement personnel et perfectionnement à tout prix, pensées positives à tout va, nous interdisent d’aller moins bien, exit les émotions.
S’ouvrir et penser aux autres
Pour les psychologues, cette manie compulsive de tout connaître sur soi-même et la quête absolue du bien-être révélerait une anxiété profonde et une image défaillante de soi. Ces mesures extrêmes, dans la vie personnelle comme professionnelle, renforceraient notre sentiment de culpabilité dès que nous n’arrivons pas à tenir nos engagements ou atteindre nos objectifs.
À l’inverse, il ne s’agit pas de faire abstraction de son corps, de manger n’importe quoi, de malmener sa santé ou encore de se laisser sombrer dans le désespoir. La recette du bonheur contient deux ingrédients que sont l’écoute de soi et le plaisir.
Pour conclure, les auteurs nous conseillent d’accepter nos faiblesses en arrêtant d’écouter maladivement notre corps et de notre santé, à la recherche du plaisir à tout prix. «Au lieu de nous apitoyer encore et toujours sur notre sort, nous aurions tout à gagner à nous ouvrir et à penser un peu plus à autrui».
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