Une médecin de l’Hôpital du Haut-Richelieu a été radiée pour une période de cinq mois à compter du mois d’août prochain.

Selon le Conseil de discipline du Collège des médecins, la Dre Nathalie Cyr, obstétricienne et gynécologue, a mal agi lors d’un accouchement par césarienne d’une de ses patientes en 2012.

Le Conseil lui reproche notamment de ne pas s’être présentée au chevet de sa patiente, de ne pas avoir procédé à une évaluation de son état de santé et de lui avoir prescrit un médicament sans avoir élaboré de diagnostic.

Enceinte de son deuxième enfant, Nancie Lapointe a subi une césarienne en avril 2012. Ce qui devait être un événement heureux s’est transformé en tragédie à l’Hôpital du Haut-Richelieu.
Importantes douleurs

À son réveil, la patiente s’est plainte d’une importante douleur abdominale et a des nausées. Sa tension artérielle était très faible, elle est en état de choc et ses organes fonctionnaient mal.

Une infirmière est inquiète et demande à la Dre Cyr, qui a pratiqué la césarienne, de venir au chevet de la patiente. L’infirmière écrit dans le dossier médical : «Dre Cyr avisée que j’aimerais qu’elle vienne voir et examiner la patiente, me répond qu’on attend que la TA (tension artérielle) remonte, qu’il n’y a rien d’autre à faire présentement. Je l’avise que ça me rassurerait, ne veut pas venir», peut-on lire.

Mais l’état de Nancie Lapointe a continué à se détériorer. Elle ne répondait pas aux appels ni à la stimulation et n’avait plus de pouls.

Un médecin des urgences a entrepris des manoeuvres de réanimation et a noté que la Dre Cyr ne pense pas que la patiente souffre d’un saignement intraabdominal. Elle soupçonnait plutôt une embolie pulmonaire.

Une poursuite

De plus, selon une poursuite civile déposée par l’avocat Jean-Pierre Ménard et réglée hors cour, dont le montant du règlement reste confidentiel, le médecin des urgences a prescrit négligemment de l’héparine ce qui accroît davantage les saignements.

Neuf heures après la césarienne, un examen d’imagerie médicale a révélé la présence de 3,5 litres de sang dans le ventre de Nancie Lapointe. La Dre Cyr a pratiqué une hystérectomie abdominale.

Mme Lapointe a reçu des transfusions sanguines massives, mais les saignements se sont poursuivis toute la journée. Elle a été transférée à l’Hôpital Saint-Luc où ses artères utérines ont été obstruées pour arrêter les saignements.

Elle a subi une nécrose de la glande hypophysaire, chef d’orchestre de toutes les glandes de son corps. Elle a souffert d’insuffisance rénale, d’oedèmes pulmonaires, d’insuffisance du foie, des reins, de la glande thyroïde, des ovaires.

Cela lui cause un diabète insipide, de la fatigue chronique, des troubles de concentration. Mme Lapointe était enseignante et est devenue inapte à tout emploi.

Parce que les médecins auraient généré un délai indu dans la reconnaissance et le traitement du saignement intraabdominal, elle réclamait plus de 2 millions $, principalement en pertes salariales passées et futures, de même que 30 000 $ parce que le docteur Cyr aurait contrevenu à la Charte des droits et libertés en ne portant pas secours à une personne dont la vie était en péril.