QUÉBEC – Le dossier des cas de cancer à Shannon en lien avec l’exposition au trichloréthylène (TCE) est clos pour le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale. Son étude très attendue révèle qu’il n’y a pas eu d’excès de cas du cancer du cerveau et qu’aucun lien ne peut être établi entre le TCE et un excès de cas de cancer du foie dans cette municipalité.

Ce sont les principaux constats qui se dégagent de l’étude dévoilée jeudi après-midi par le directeur de santé publique (DSP) du CIUSSS de la Capitale-Nationale, le Dr François Desbiens.

Le document traite de l’incidence des cas du cancer du cerveau, du rein, du foie et du lymphome non hodgkinien chez les personnes ayant résidé à Shannon entre 1987 et 2001.

Selon cette étude, comparativement à la moyenne québécoise, il n’y a pas eu davantage de cas de cancer du cerveau, du rein et du lymphome non hodgkinien chez les habitants de Shannon. Seuls davantage de cas de cancer du foie et des voies biliaires ont été observés.

Le directeur de santé publique met fin à son enquête d’agrégat, et n’entend pas aller plus loin pour tenter de déterminer s’il peut exister un lien entre l’excès de cas de cancer du foie et des voies biliaires observé à Shannon.

«Il n’est pas justifié de faire une telle étude parce qu’elle ne serait pas scientifiquement valable», a soutenu le Dr Desbiens.

Reste que cette décision de ne pas aller de l’avant avec une étude à visée étiologique, pour tenter d’établir un lien de cause à effet entre les cas de cancer du foie et le TCE, divise grandement le comité-conseil formé de huit experts, mis en place pour conseiller le DSP.

«Trois personnes sont confortables avec l’ensemble des conclusions, deux personnes sont neutres et trois restent avec des interrogations sur les conclusions sur l’étude complémentaire étiologique», a fait savoir le Dr Desbiens.

Devant cette division, le DSP soumettra ses conclusions et ses analyses au Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis afin d’obtenir une opinion externe.

«Considérant l’opinion partagée des membres du comité-conseil, c’est pourquoi on ira chercher leur avis», a-t-il indiqué.

Rappel des faits

La contamination des eaux souterraines d’une partie de la municipalité par le trichloréthylène (TCE) a été causée par un dégraisseur industriel utilisé sur la base militaire de Valcartier et dans une usine voisine de fabrication de munitions.

Le ministère de la Défense nationale a reconnu que du TCE a été utilisé «dans les années 1940» jusqu’en 1966 dans la fabrication de munitions à son ancienne usine de Valcartier.

Après cette date, elle a dit ignorer si le produit fut utilisé par les entreprises qui ont exploité l’usine jusqu’en 1991.

Des déversements accidentels de TCE et d’autres produits chimiques sont survenus à l’usine de Valcartier et ceux-ci auraient été enterrés sans autres précautions sur les propriétés du complexe industriel.

Dans un avis publié en décembre 2000, le directeur de la santé publique recommandait aux propriétaires de puits de Shannon de ne pas consommer l’eau de leurs robinets et de ventiler leurs habitations en raison de la présence possible d’émanations de TCE.