Afrique du Sud: des banques de lait maternel pour réduire la mortalité


JOHANNESBURG – Grand prématuré, Patrick pesait 1,2 kg à sa naissance et la banque de lait maternel «l’a sauvé», affirme sa maman. Ce système basé sur la générosité de mères qui donnent leur lait est utilisé comme un outil de lutte contre la mortalité infantile encore élevée en Afrique du Sud.

«C’était une question de vie ou de mort» que Patrick boive du lait maternel, raconte sa mère, Annerleigh Bartlett. à la naissance du petit garçon à moins de sept mois de grossesse, “je n’avais pas de montée de lait et le lait infantile était exclu». Il peut, dans certains cas, endommager les intestins des prématurés. 

Pendant les deux premières semaines de sa vie, Patrick a bu du lait donné gratuitement par des mères anonymes, via des lactariums ou banques de lait maternel.

Le principe des lactariums est simple: les femmes tirent du lait qui est ensuite redistribué, après avoir subi des tests et après pasteurisation, auprès des enfants qui en ont besoin. Un service de livraison rapide assure le transport du précieux liquide.

«Chaque goutte compte», peut-on lire au siège de la Réserve sud-africaine de lait maternel (SABR), un vaste réseau de lactariums qui approvisionne 87 hôpitaux et a nourri 2845 enfants cette année.

Il faut couvrir sa tête d’une coiffe et enfiler un tablier avant d’entrer dans la salle où est entreposé le stock national, sept congélateurs renfermant des centaines de bouteilles de lait scellées.

“Les lactariums doivent être encouragés pour réduire la mortalité (…) des bébés qui ne peuvent pas être allaités”, reconnaît le ministère de la Santé, alors que l’Afrique du Sud, deuxième puissance économique du continent noir, se débat avec des taux de mortalité infantile encore élevé (32,8 pour 1000 naissances en 2013) et des retards de croissance «bien plus élevés que des pays au niveau de développement comparable».

Taux d’allaitement très faible

Le constat est sans appel. Selon l’Unicef, un enfant exclusivement allaité a 14 fois plus de chances de survivre dans les six premiers mois de sa vie qu’un enfant nourri au lait maternisé.

Or l’Afrique du Sud a un taux d’allaitement très faible (7,4%). 

«Beaucoup de femmes pauvres sont convaincues que les riches donnent du lait infantile. Alors elles font pareil», regrette Stasha Jordan, directrice de SABR.

Beaucoup de mères sans revenu sont aussi contraintes, quelques semaines après avoir accouché, de chercher des petits boulots à la journée, et ne sont donc pas auprès de leur bébé pour le nourrir quand il réclame.

Ces mamans issues de milieux défavorisés «n’ont pas les moyens d’acheter assez de lait et ne nourrissent donc pas assez leurs enfants», explique Chantell Witten, chercheur nutritionniste à l’Université sud-africaine du Nord-Ouest. 

L’allaitement a aussi souffert, jusqu’à récemment, du «marketing agressif» des fabricants de lait en poudre, selon Stasha Jordan.

Il a également pâti de la distribution gratuite, jusqu’en 2011, de lait maternisé dans le cadre de la prévention contre le risque de transmission du virus VIH de la mère à l’enfant, un vaste programme dans un pays où environ un tiers des mères sont séropositives.

Réticences

Mais les mentalités évoluent, constatent les spécialistes. Depuis 2012, une législation interdit les publicités de lait maternisé dans les magazines et sur les panneaux publicitaires. Conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique du Sud encourage désormais les mères séropositives sous antirétroviraux à allaiter exclusivement. Et le gouvernement, conscient de l’utilité des lactariums, est en train de les réglementer.

Les banques de lait et pédiatres se heurtent cependant parfois à des réticences culturelles ou psychologiques. «On était mal à l’aise à l’idée de donner à nos jumelles un liquide provenant d’une autre personne», se rappelle Pradesh Mewalala, père d’Anya et Ariana nées prématurément. Le couple a finalement accepté.

Avant de pouvoir être livré aux familles qui en ont besoin, le lait collecté subit de strictes analyses microbiologiques – les donneurs doivent notamment faire un test sida et hépatite B.

Patrick a désormais 7 mois et se porte comme un charme. Sa mère a finalement réussi à l’allaiter. L’évidence s’est alors imposée: cette assistante comptable de 39 ans est devenue à son tour donneuse pour la banque Milk Matters au Cap.

«Je me suis sentie redevable vis-à-vis de l’institution qui a sauvé mon fils», explique-t-elle. Annerleigh a pompé 3 litres de lait en quelques mois, de quoi nourrir «20 bébés pendant 24 heures.»



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