MONTRÉAL – Le prix du vin vendu à la Société des alcools du Québec (SAQ) soulève des questions au lendemain de la publication du rapport de la vérificatrice générale du Québec.

Selon Guylaine Leclerc, les Québécois ont déboursé 215 millions $ de plus que leurs voisins ontariens pour se procurer du vin l’année dernière.

Pour expliquer comment la société d’État fixe le prix de ses produits, Argent a choisi de décortiquer le coût d’une bouteille de vin étrangère, vendue 16,95 $.

Pour obtenir une telle bouteille, la SAQ doit verser 5,72 $ au fournisseur, un vigneron français, par exemple. Le montant est converti en dollars canadiens et il inclut le transport à destination du Québec, par bateau, train et camion ainsi que la consigne de 8 cents facturée pour chaque bouteille.

Quelques taxes, provinciales et fédérales, sont ajoutées au prix du fournisseur. Pour une bouteille affichée à 16,95 $, la TVQ se chiffre à 1,47 $ et la TPS atteint 0,73 $.

Québec touche aussi la taxe spécifique sur les boissons alcooliques, qui s’établit à 1,05 $ dans le présent cas. Enfin, le gouvernement fédéral perçoit un droit d’accise et de douane, fixé à 0,48 $.

Majoration

La SAQ ajoute une majoration importante, de 7,50 $, au prix payé par les consommateurs. Cette majoration représente 44,3 % des 16,95 $ exigés aux clients. Elle permet de couvrir les frais de vente et de mise en marché ainsi que les charges liées à la distribution et à l’administration. Le profit net tiré de la vente d’une bouteille provient également de la majoration de la SAQ.

Le chroniqueur en vin, Marc André Gagnon, a souligné que la majoration est initialement calculée sur le prix du fournisseur. Elle représente généralement de 130 % à 134 % de la somme versée au fournisseur.

«La majoration de la SAQ est nettement supérieure à celle de la LCBO, en Ontario. C’est pour ça qu’un vin acheté 2 $ est vendu 9,95 $ à la SAQ et 7,50 $ à la LCBO», a dit le spécialiste, précisant que les Ontariens ne paient pas la taxe spécifique sur les boissons alcooliques, un montant fixe ajouté sur le prix de toutes les bouteilles disponibles au Québec.

Marc André Gagnon a précisé que la majoration de la SAQ varie selon la fourchette de prix des produits. Plus le prix d’un produit est élevé, moins la majoration est importante.

Les meilleurs prix

Gaétan Frigon, qui a présidé la SAQ de 1998 à 2002, croit que la société d’État négocie toujours les meilleurs prix lorsqu’elle fait ses emplettes chez les vignerons, même si le rapport de la vérificatrice générale indique que l’organisation n’exploite pas toujours son immense pouvoir d’achat.

«Quand j’étais à la SAQ, on se comparait avec toutes les provinces canadiennes. On était souvent moins cher que le Nouveau-Brunswick, même si on parle toujours de la LCBO», a commenté l’homme d’affaires.

Pendant son exercice financier 2015, la Société des alcools du Québec a enregistré un bénéfice net de 1,03 milliard $, versé entièrement au gouvernement du Québec, le seul actionnaire de l’entreprise, sous la forme d’un dividende.

En incluant les taxes incluses dans le prix des produits vendus, l’État a empoché un peu plus de 2 milliards $ l’an dernier.