Une nouvelle étude américaine, publiée dans la revue Neuropharmacology, identifie pour la première fois un lien biologique entre suralimentation et dépression. Elle apporte également une solution prometteuse pour de nouveaux traitements.
Lors d’études précédentes, la suralimentation a déjà été liée à un risque accru de dépression et d’anxiété. Pour aller plus loin, Ronald Duman, professeur de psychiatrie et de neurobiologie à l’université de Yale ( USA) et auteur principal de l’étude, a cherché à comprendre les mécanismes sous-jacents qui peuvent expliquer la corrélation entre ces deux comportements.
Les scientifiques ont découvert que le métabolisme des graisses partageait le même chemin biologique que les connexions neuronales dans le cerveau, qui sont endommagées en cas de stress et de dépression. Par exemple, les patients atteints de troubles métaboliques comme le diabète de type 2 sont plus à risque de dépression. Autrement dit, les effets d’une alimentation trop riche en graisses chevauchent les effets du stress chronique.
L’équipe de chercheurs a montré qu’une alimentation riche en graisses influençait le comportement de rats. Au bout des 4 mois de ce régime, ce fameux chemin biologique, impliqué à la fois dans le métabolisme des graisses et la plasticité du cerveau, est perturbé et les rongeurs présentent des signes de dépression et d’anxiété.
Dans le but de traiter ces symptômes, les scientifiques ont pu tester sur ces rats un anesthésique aux fortes vertus stupéfiantes, la kétamine. De la même manière que ce produit peut réduire la dépression et les dommages du stress chronique chez les humains, l’expérience a montré qu’il inversait les symptômes de dépression chez les rats nourris avec ce régime riche en gras.
D’après ces travaux, les chercheurs ont conclu qu’il était possible, grâce à la kétamine, de réduire rapidement et considérablement les symptômes de la dépression chronique, notamment chez les patients résistants aux antidépresseurs habituels.
Reste que les effets de la kétamine sur le métabolisme doivent encore faire l’objet d’autres recherches; son usage et son dosage pour traiter la dépression font d’ailleurs l’objet d’essais cliniques. Des recherches sont actuellement menées sur son utilité pour traiter la douleur, la dépression, l’alcoolisme, et la dépendance à l’héroïne et aux autres opiacés.
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