Le système de santé ne fonctionne pas. Je me fais souvent demander: «Pourquoi? Comment ça se fait qu’on investit presque 50 % de notre budget, qu’on augmente le nombre d’admis en médecine, et que malgré tout, on a l’impression de vivre dans le tiers monde?»
La réponse trop facile serait: on gaspille notre argent. On paie trop d’employés. Coupons les salaires! Coupons des postes!
C’est ce que le gouvernement essaie de faire et ça ne fonctionne pas. Pourquoi?
- Aucune communication. Les gestionnaires n’ont aucune idée de ce qui se passe sur le terrain. Ils gèrent des chiffres, mais ne connaissent pas les forces et les besoins des professionnels qu’ils gèrent. Donc, ils coupent des postes, ils restructurent les équipes, ils pensent qu’une infirmière est interchangeable d’une place à l’autre ne sachant pas que ça gaspille beaucoup d’argent et que le travail fait est beaucoup moins efficace.
- Mauvaise utilisation des ressources. Mon patient dépressif a besoin d’une psychologue? Depuis des coupures où personne n’a été consulté, il y a UNE psychologue dans l’établissement. «Attends donc 7 mois pour la voir ou bien paie de ta poche 90 $ la séance en privé». Ce patient finit par me voir à chaque semaine au lieu de la psy. Moi, qui coûte trois fois plus cher que la psychologue.
- «Un médecin de famille pour chaque citoyen!» scande le gouvernement. C’est ça qui va régler nos problèmes? Mes patients chez qui je découvre un diabète, un cancer ou trouble d’apprentissage, doivent être référés à des spécialistes, un nutritionniste ou un orthophoniste. Quand vont-ils être vus? Je ne le sais pas, je n’ai aucun contrôle. Le fait d’avoir un médecin de famille ne garantit pas un bon suivi, ni moins d’attente. C’est comme ouvrir plus de caisses au cinéma pour accélérer la file, mais ne mettre qu’une personne pour vérifier les billets. Ça ne fait que déplacer le problème.
- Les mentalités difficiles à changer. Après des années d’investissement dans la formation d’infirmières spécialisées, qui peuvent diagnostiquer et prescrire, il y a encore une grande majorité des patients qui n’y croient pas. «Comment ça je ne vois pas le médecin aujourd’hui?! J’ai manqué le travail et je vais juste voir l’infirmière?» «Je préfère être rassuré par le médecin, y’a tu encore de la place?». Les patients devraient recevoir une facture pour leur consultation, pour réaliser ce que ça coute réellement.
- La vision à court terme. La majorité des coupures ces derniers temps, c’est dans la santé publique: dans l’éducation de la population, dans la prévention. Pourquoi? Parce que ce n’est pas «payant» immédiatement, ce ne sont pas des statistiques qu’on peut chiffrer sur le coup. Combien de consultations on peut sauver à la longue? Probablement des milliers. Vaut mieux investir pour prévenir des maladies, que de payer pour les traiter plus tard, non?
Évoluons, changeons notre façon de faire, parce que les remèdes imposés par le gouvernement ne semblent traiter grand chose.
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