1. J’ai l’esprit étroit
Dans le temps, il y avait UNE façon de faire de la médecine. On étudiait la théorie dans les livres et on appliquait nos connaissances sur nos patients. Maintenant, pour résoudre un problème médical, les patients vont demander différents traitements avec des pierres précieuses, de l’homéopathie, des colliers de bois de noisetier, et j’en passe. Je n’y crois pas et mon esprit scientifique est pas mal rigide.
Ce qui est difficile, c’est que je dois me garder à jour avec ces nouvelles absurdités, et en savoir assez pour informer mes patients pour qu’ils ne sentent pas que je suis aussi fermée. Je m’efforce à garder l’esprit ouvert, parce que si ces traitements «fonctionnent» chez un patient, ça m’évitera des consultations inutiles. J’ai aussi beaucoup de difficulté à tolérer certains patients: les victimes de la vie, les manipulateurs, les «chialeux». Je les vois quand même, mais ce sont des fardeaux.
2. Je suis une excellente comédienne
Rassurez-vous, j’ai bel et bien fait ma médecine et j’ai mon permis. Ce que je veux dire par ça, c’est que je joue parfois la comédie au bénéfice d’une meilleure relation patient-médecin. Les détails de ton divorce qui t’ont poussé au burn-out? Je suis fatiguée et je vais patiemment te laisser parler, mais je ne vais rien entendre. Ton enfant hurle et se débat quand il me voit? «Oui, oui, c’est le plus bel enfant que j’ai vu, tes enfants sont des anges.» Certains seront déçus que je ne sois pas vraiment une vraie Mère Teresa, mais c’est surtout pour garder ma santé mentale que je fais semblant d’être aussi agréable et gentille.
3. Je suis paranoïaque
Un médecin des temps modernes sera toujours paranoïaque. Je n’ai pas nécessairement peur de faire une erreur médicale, mais ultimement peur de me faire poursuivre, peur d’avoir une plainte. Ce n’est pas une question de compétence: n’importe qui peut faire une plainte sur moi, sur n’importe quoi. Que ce soit mon habillement, mes jokes plates, ou ma façon de parler, toutes les plaintes, aussi ridicules qu’elles soient, feront perdre du temps à pas mal de monde.
4. Je fais de la médecine rapide («fast food»)
Dans un monde idéal, je traiterais tous mes patients avec de la médecine lente. Diabète? Changement de diète et exercices. Crise de panique? Psychothérapie. Mais dans le système de santé actuel, ce n’est pas possible. La médecine doit être rapide, mon gouvernement chronomètre mes consultations à la minute près, mes patients s’attendent à avoir des résultats rapides sans changement de leurs habitudes. Malgré le fait que je sais que les médicaments ne feront que repousser le problème, je traite rapidement, avec des prescriptions.
5. Je suis pessimiste
Quand je regarde comment les choses fonctionnent au Québec en ce moment, que ce soit en santé, en politique ou ailleurs, comme on ne pense pas à long terme, comme on se complait au statu quo, je suis pessimiste. J’ai beau essayer de ne pas l’être devant mes patients (cf. mes habiletés de «fakeuse», au point 2), je pense quand même que si l’on continue sur le même chemin, on se dirige vers un crash imminent.
Pour questions et commentaires, écrivez à dreanonyme@gmail.com.
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