L’agitation liée à une première nuit dans un lieu inconnu représente un problème relativement commun, que ce soit à l’hôtel, chez des amis ou dans sa toute nouvelle chambre après un déménagement. Elle a été documentée pour la première fois dans les années 1960. Un demi-siècle plus tard, des chercheurs américains ont tenté d’approfondir les connaissances.
L’équipe de l’Université Brown, à Providence, dans le Rhode Island, a plus précisément étudié les mécanismes créant un tel phénomène. Leurs conclusions, publiées dans la revue Current Biology, suggèrent que tout se passe au niveau du cerveau et plus précisément dans l’hémisphère gauche.
Un problème universel
Selon les auteurs de l’étude, il s’agit d’un problème universel. Il toucherait les personnes de tout âge et de toute origine. «Même chez les jeunes en bonne santé ne présentant aucun trouble du sommeil, on observe dans 99 % des cas “l’effet première nuit”», a confié Yuka Sasaki, auteure principale de l’étude.
Avec ses collègues, la scientifique a étudié plusieurs volontaires ayant accepté de passer quelques nuits dans leur laboratoire. Le protocole a consisté à analyser les activités cérébrales pendant le sommeil. Le suivi a été effectué à l’aide de trois techniques différentes – l’IRM, l’électroencéphalographie et la magnétoencéphalographie.
Les patients ont dû dormir dans un scanner aménagé. «Il y avait un lit complètement plat et nous avons mis beaucoup d’oreillers et de serviettes pour le rendre confortable. L’espace était un peu limité mais les gens pouvait y dormir», a affirmé Yuka Sasaki.
Les résultats mettent en évidence les quelques difficultés des sujets à s’endormir la première nuit et des phases fréquentes de micro-éveils au détriment du sommeil paradoxal. Ces problèmes semblent toutefois s’estomper dès la deuxième nuit.
L’hémisphère gauche en alerte
L’effet première nuit coïncide également avec une activité particulière du cerveau. En effet, les chercheurs ont remarqué que lorsque des petits «bips» irréguliers étaient émis à l’oreille gauche des participants en phase de sommeil profond, ils restaient la plupart du temps assoupis.
En revanche, lorsque l’opération était répétée avec l’oreille droite, les volontaires avaient tendance à se réveiller. Cela traduit un certain état d’alerte de l’hémisphère gauche, connu pour être relié à l’oreille droite (et vice versa).
Selon les scientifiques, il est possible que cette région soit beaucoup plus sensible aux stimuli extérieurs, certainement pour faire face aux potentiels dangers. Ce n’est pas la première fois qu’une asymétrie de l’activité hémisphérique est observée en phase de sommeil.
Une telle singularité a déjà été observée chez des mammifères marins comme les dauphins ou les baleines qui alternent les phases de dormance de leurs hémisphères gauche et droit pour ne pas oublier de remonter respirer à la surface de l’eau.
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