MONTRÉAL – De nombreuses résidences pour adultes lourdement handicapés risquent de fermer leurs portes au cours des prochaines semaines en raison de compressions budgétaires imposées par le ministère de la Santé. À Montréal, une propriétaire doit composer avec un budget amputé du tiers.
Depuis 2007, Chantal Groulx est propriétaire d’un foyer qui accueille cinq adultes lourdement handicapés.
Ils y sont arrivés il y a quelques années après avoir vécu, pour la plupart, en institution.
Chantal Groulx craint de ne plus avoir les moyens de poursuivre ses activités parce que le ministère de la Santé réduit considérablement les montants qui lui sont versés: de 3000 $ à 4000 $ par mois, soit environ 33 % de ses revenus totaux.
En fait, elle verra s’envoler 48 000 $ sur un budget annuel de 160 000 $.
En tant que propriétaire, elle est syndiquée et membre de la Centrale des Syndicats Démocratiques (CSD), présentement en négociations avec le gouvernement. La CSD représente environ 1200 résidences semblables à celle de Mme Groulx partout au Québec.
Selon la CSD, déjà quatre ressources intermédiaires ont fermé leurs portes en décembre et 22 personnes handicapées ont été touchées.
Au ministère de la Santé, personne ne peut nous dire où sont allés ces 22 adultes handicapés et la ministre refuse de parler de compression.
«On suit ça serré. Jamais on ne va laisser les personnes dans la rue», a expliqué Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique. Elle a ajouté que les dossiers des personnes handicapées sont réévalués et que cette façon de procéder était prévue depuis quelques années.
«On a peut-être découvert que certains n’en avaient pas assez par rapport à d’autres pour le genre de besoins et de la clientèle qu’ils desservaient, a-t-elle mentionné. C’est ça qui a fait que des places ont été augmentées et que d’autres ont été diminuées.»
Un futur incertain
Le frère de Pierrette Ethier est lourdement atteint. Il est arrivé dans cette résidence, il y a deux ans, après avoir passé un an à l’Institut Louis-H.-Lafontaine.
Elle craint maintenant la fermeture de cette résidence : «Il a été six mois en attente d’une maison. J’allais le voir, il pleurait, il voulait une maison».
«Qu’est-ce qu’il va advenir de lui? Il peut pas se défendre, rien! Il peut pas rien faire. Il ne peut pas aller manifester demain matin sur la rue», a ajouté Mme Ethier.
Chantal Groulx aussi s’inquiète pour ses résidents. «Ce sont des personnes déficientes intellectuelles, handicapées physiques, vulnérables, qui ne comprendront pas ce qui leur arrive, a-t-elle souligné. On ne peut pas laisser faire ça.»
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