Les personnes en surpoids perdent en moyenne un an d’espérance de vie, un lourd tribut qui s’accroît avec les kilos en trop et peut atteindre dix ans en cas d’obésité sévère, révèle une vaste étude publiée jeudi dans The Lancet.
Réalisée à partir de l’analyse de données concernant près de 4 millions d’adultes sur quatre continents, elle a mesuré le risque de mourir de façon prématurée, avant l’âge de 70 ans.
Cette étude «établit de façon certaine que le surpoids ou l’obésité sont associés à un risque accru de décès prématuré», déclare son principal auteur Emanuele Di Angelantonio, de l’Université de Cambridge, au Royaume- Uni.
«En moyenne, les gens en surpoids perdent un an d’espérance de vie, les personnes modérément obèses trois ans», souligne M. Di Angelantonio. «Quant aux personnes atteintes d’obésité sévère, elle perdent environ dix ans d’espérance de vie», précise-t-il à l’AFP.
«Les résultats de l’étude contredisent des travaux récents selon lesquels il y aurait un avantage sur le plan de la survie à être en surpoids – un soi-disant “paradoxe de l’obésité”», note l’École de Santé publique de Harvard, aux États-Unis, qui a participé à l’étude.
Celle-ci «montre que les risques de maladie coronaire, d’accident vasculaire cérébral, de maladie respiratoire et de cancer sont tous augmentés», souligne M. di Angelantonio.
Le risque de décès prématuré augmente «régulièrement et fortement» à mesure que les kilos excédentaires s’accumulent, souligne l’étude.
Elle révèle aussi que l’effet du surpoids ou de l’obésité sur l’espérance de vie est «trois fois plus grand chez les hommes que chez les femmes», ajoute M. Di Angelantonio.
L’obésité, dont le nombre de cas a doublé depuis 1980, est devenu un fléau mondial. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 1,3 milliard le nombre d’adultes en surpoids dans le monde et à 600 millions le nombre d’obèses. 39 % des adultes (18 ans et plus) sont en surpoids et 13 % sont obèses.
En finir avec les «controverses»
Pour ces statistiques, l’OMS s’appuie sur l’indice de masse corporel (IMC) qui est calculé en divisant le poids par la taille au carré.
Pour une personne de corpulence normale, l’IMC se situe entre 18,5 et 24,9. Une personne en surpoids a un IMC entre 25 et 29,9. Une personne obèse a un IMC de 30 à 34,9. L’obésité est qualifiée de sévère lorsque l’IMC atteint ou dépasse 40.
Une personne mesurant 1m60 est en surpoids lorsqu’elle pèse entre 60 et 80 kilos. Une personne de 1m80 l’est lorsque sa balance lui indique un poids de 80 à 100 kilos.
Alors que le risque de mourir avant 70 ans est de 19 % pour les hommes et de 11 % pour les femmes ayant un IMC normal, il grimpe à 29,5 % pour les hommes et 14,6 % pour les femmes modérément obèses (IMC de 30 à 34,9).
Fruit d’une collaboration internationale, l’étude s’appuie sur l’analyse de 239 études conduites entre 1970 et 2015 et pendant plusieurs années auprès de 10,6 millions de personnes adultes, en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et Nouvelle-Zélande et en Asie.
Pour éviter les biais liés à la cigarette ou à l’existence de maladies préexistantes, les chercheurs ont exclu de leur échantillon les fumeurs et anciens fumeurs, ceux qui souffraient de maladies chroniques au début de l’étude et ceux qui sont décédés dans les cinq ans suivant.
Au final, ils ont travaillé sur des données concernant 3,9 millions de personnes adultes.
Associant 500 chercheurs de plus de 300 institutions, «cette collaboration est la plus importante et la plus rigoureuse jamais réalisée pour en finir avec les controverses entourant l’indice de masse corporelle et la mortalité», assure Shilpa Bhupathiraju, de l’École de Santé publique de Harvard et co-auteur de l’étude.
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