La 21e conférence internationale sur le sida s’est conclue vendredi en Afrique du Sud sur un appel à continuer à financer la lutte contre le sida, dans un contexte de baisse des fonds, d’une stagnation des infections et d’absence de remède.
«Le travail n’est tout simplement pas fait», a déclaré la nouvelle présidente de la Société internationale sur le sida, Linda-Gail Bekker, devant des milliers de délégués réunis à Durban, sur la côte de l’océan Indien.
«Pendant les cinq jours de la conférence, 15 000 personnes vivant avec le sida sont décédées (…) et plus de 28 000 ont contracté le VIH, dont 1500 jeunes gens dans ce pays seulement», a-t-elle dénoncé. «Ca me révolte et m’horrifie. Je ne vois aucune raison d’autosatisfaction.»
Quelque 15 000 scientifiques, militants et bailleurs de fonds ont participé cette semaine à la conférence internationale sur le sida, l’occasion de faire le point sur les avancées dans la lutte contre le VIH, qui a fait plus de 30 millions de morts depuis le début des années 1980.
Mais le nombre de nouvelles infections se maintient de manière préoccupante depuis une dizaine d’années à 2,5 millions par an, et les financements dans la bataille contre la pandémie baissent de façon inquiétante.
Les bailleurs de fonds y ont consacré 7,5 milliards $ US en 2015, contre 8,6 milliards en 2014, selon une étude de l’Onusida et de la Fondation Kaiser présentée cette semaine à Durban.
«Nous sommes à un moment crucial» dans le financement, a estimé Linda-Gail Bekker.
«Le verre est à moitié plein»
Cette mise en garde intervient deux mois avant la conférence, au Canada, des donateurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial s’est fixé comme objectif de recueillir 13 milliards $ US pour son prochain cycle triennal de financement.
Sans cet argent, 21 millions de personnes mourront du sida et 28 millions de personnes seront infectées par le virus VIH dans les six prochaines années, selon une étude du Global Fund Advocates Network.
«La vie ou la mort de personnes de nombre de pays dépendra de la réponse des donateurs à l’appel à l’action du Fonds global», a prévenu Linda-Gail Bekker.
En dépit de sa mise en garde, elle s’est dit «optimiste sur l’avenir de la réponse internationale au VIH».
«Les connaissances scientifiques et les programmes mis en place et partagés lors cette conférence sont la preuve que nous pouvons venir à bout» de la maladie, a-t-elle estimé, alors que l’ONU s’est fixé comme objectif de mettre fin à l’épidémie en 2030.
C’est la deuxième fois que Durban accueillait la conférence internationale sur le sida. La première fois en 2000 avait marqué un tournant historique dans la riposte mondiale contre le VIH, avec le vibrant appel de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela pour que tous les malades aient accès aux traitements antirétroviraux.
«Les participants à la dernière conférence de Durban étaient arrivés sans espoir», a déclaré à l’AFP Mahesh Mahalingam, responsable des programmes à l’Onusida. «Cette fois-ci ils sont venus avec de l’espoir, avec des résultats qui montrent que le verre est à moitié plein».
Mais «un verre à moitié plein n’est plus acceptable. Nous avons besoin d’un verre plein. Nous avons besoin que 30 millions de personnes soient sous traitement», a-t-il ajouté.
Quelque 36,7 millions de personnes dans le monde vivent aujourd’hui avec le VIH/sida, principalement en Afrique sub-saharienne. Seulement 17 millions d’entre elles ont accès à un traitement.
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