PARIS – Les personnes de plus de 54 ans dont la dépression s’aggrave progressivement, pourraient courir un risque plus élevé de développer une démence, selon une étude publiée samedi suggérant que cela pourrait être un signe précoce de la maladie neurodégénérative.
D’autres types de dépression, tels que des épisodes ponctuels ou récurrents, ne semblent pas constituer une menace similaire.
«Seul le groupe dont les symptômes de la dépression ont augmenté au fil du temps était à risque accru de démence», note la revue spécialisée The Lancet Psychiatry, qui publie ces résultats.
Une forte corrélation entre la dépression et la démence avait déjà été relevée, sans que la nature de cette relation soit connue.
Mais cette nouvelle étude est présentée comme la première à s’intéresser à l’évolution des symptômes de la dépression et la survenue de démences, les plus fréquentes étant celles d’origine vasculaire et celle d’Alzheimer.
Pour certains, les symptômes s’amendent avec le temps, pour d’autres, ils s’aggravent. Certaines personnes font un unique épisode dépressif, d’autres font des rechutes régulières ou deviennent des dépressifs chroniques.
Pour leur étude, les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de 3325 personnes âgées de 55 ans et plus aux Pays-Bas sur une période de 11 ans (1993-2004) et les ont suivis ensuite pendant 10 ans.
Au début de l’étude, toutes présentaient des symptômes dépressifs, mais aucune de démence. À la fin, 434 personnes étaient atteintes de démence, dont 348 cas de la maladie d’Alzheimer.
Les participants étaient réparties en cinq catégories différentes selon leur forme de dépression.
Dans le groupe des 255 personnes dont la dépression s’est aggravée au fil du temps, 55 ont développé une démence (22 %). Soit un risque relatif de démence «nettement plus élevé», près de 1,5 fois plus élevé, que pour les autres groupes (environ 10 %) en tenant compte des différences d’âge et de sexe et d’autres facteurs entre les groupes.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 5 % et 8 % des gens âgés de 60 ans et plus vont souffrir de démence.
Les résultats suggèrent qu’une dépression sévère ou des épisodes dépressifs récurrents n’augmentent pas le risque de démence, selon les auteurs.
Ils signifient aussi que «l’augmentation des symptômes de dépression chez les personnes âgées pourrait potentiellement représenter un stade précoce de la démence», selon la revue.
Cela impliquerait que la démence et certaines formes de dépression pourraient avoir une cause commune.
Toutefois l’étude n’a pas mesuré des éléments comme l’isolement social et le manque d’activité physique qui sont des facteurs de dépression.
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