MONTRÉAL – En pleine controverse dans le dossier Aveos, le maire de Montréal Denis Coderre et le patron d’Air Canada Calin Rovinescu ont célébré mercredi la venue à Montréal du premier Dreamliner 787 à l’effigie du transporteur lors d’une soirée mondaine tenue dans les anciens hangars où travaillaient naguère des milliers de travailleurs.
Les organisateurs ont même effacé une énorme affiche où on célébrait la maintenance d’antan des avions d’Air Canada. La journée même, on a apposé un drap noir sur le logo et la phrase «Nouveaux sommets d’excellence», comme on peut le voir sur de nombreuses photos qui ont circulé sur les médias sociaux.
L’ex-représentant syndical des anciens employés d’Aveos, Jean Poirier, a été mis au courant de l’opération maquillage. Plusieurs ex-travailleurs ont été dégoûtés.
«On a pris cela comme une insulte, c’est comme si on cachait notre excellence. C’est comme si on disait, on va cacher ce que nous avons fait», a-t-il lancé en entrevue téléphonique avec la Chaîne Argent.
Ce dernier souligne que cette affiche rappelle la maintenance chez Air Canada. «Nous étions reconnus partout, nous recevions des honneurs pour notre travail. Ça a commencé à moins bien aller lorsqu’ils ont créé Aveos et lorsqu’ils nous ont “loadé” d’ouvrage», a poursuivi M. Poirier.
«Le maire parle à tout le monde»
La présence du maire de Montréal Denis Coderre à cette soirée fait aussi jaser auprès des ex-employés d’Aveos. Plusieurs photos ont été publiées sur les réseaux sociaux où on le voit avec le patron d’Air Canada, notamment dans le cockpit du Dreamliner.
«Certains pensent de plus en plus qu’il a choisi son camp. Mais j’espère qu’il a profité de l’occasion pour convaincre M. Rovinescu de ramener les avions à Montréal. Sinon, on saura de quel bord il se trouve», a souligné M. Poirier.
Questionnée sur la présence du maire Coderre à cette soirée, son attachée de presse, Catherine Maurice a souligné que «le maire parle à tout le monde».
«Il parle à M. Poirier (…) comme il parle au gouvernement du Québec, au gouvernement du Canada, à Bombardier et à Air Canada. Le maire veut s’assurer de la vitalité de l’industrie aéronautique à Montréal de même que de conserver et créer des emplois de qualité», a-t-elle souligné par courriel.
Elle n’a toutefois pas répondu à savoir si cette soirée représentait un appui formel à Air Canada.
350 avions à l’extérieur du Canada
Selon différentes estimations, au moins 350 avions d’Air Canada effectuent leur maintenance à l’extérieur du pays. Seuls 45 appareils font leur révision à Trois-Rivières.
La loi de 1988 d’Air Canada impose au transporteur à effectuer sa maintenance à Montréal, à Winnipeg et à Mississauga. Pourtant en 2012, Air Canada a fermé Aveos, son centre de maintenance lourde, jetant à la rue 1800 travailleurs québécois.
Le transporteur et Québec sont la cible de tirs nourris depuis quelques jours après la décision du gouvernement Couillard d’abandonner sa poursuite contre Air Canada.
En échange, le transporteur a fait l’acquisition de 45 avions de la CSeries et a promis de construire un centre d’excellence où se ferait la maintenance des avions CSeries.
Mais jusqu’à maintenant, aucune garantie n’a été obtenue quant à la création d’emplois dans ce futur centre.
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