Des chercheurs québécois et américains ont découvert que les cannabinoïdes, l’agent actif dans la marijuana, pourraient améliorer la vision nocturne, contrairement à ce que des études précédentes ont démontré.
Leur recherche, dont les résultats ont été publiés plus tôt en août dans la revue eLife, a été menée sur des têtards. Elle a permis de constater que les têtards «arrivaient à discerner des objets moins clairs en contexte de faible luminosité, davantage que lorsqu’ils n’avaient pas été exposés à des taux accrus de cannabinoïdes».
Ce sont les cellules ganglionnaires de la rétine des têtards qui ont vu leur activité augmenter à des taux élevés de cannabinoïdes, ont découvert les scientifiques en utilisant diverses méthodes d’analyse.
Des résultats surprenants
«Selon les conclusions d’études précédentes, en règle générale les cannabinoïdes ont pour effet de réduire la neurotransmission, et non de l’accroître», a expliqué Ed Ruthazer, professeur de neurologie et neurochirurgie à l’Institut neurologique de Montréal de l’Université McGill, et auteur principal de l’article.
«On porte d’abord un regard sceptique lorsqu’on observe quelque chose qui contredit les idées répandues. Or, on a tenté l’expérience maintes fois, à l’aide de diverses techniques, et elle s’est toujours soldée par le même résultat», a ajouté le professeur Ruthazer.
«Dès lors, nous devions déterminer ce qui se produisait. La première réaction est de faire fi de nos observations. Mais l’effet était si fort que nous savions qu’il s’agissait de quelque chose d’important», a-t-il ajouté.
Chez l’humain aussi?
Le chercheur a indiqué qu’il est actuellement trop tôt pour avancer que les cannabinoïdes ont le même effet sur l’œil humain, mais que la littérature scientifique fait état de cas de pêcheurs dans certains pays ayant vu leur vision nocturne améliorée après la consommation de cannabis.
«Il sera bien sûr important de confirmer que des mécanismes similaires jouent aussi un rôle dans les yeux de mammifères. Bien que plus difficile sur le plan technique, il faudrait réaliser une étude similaire dans la rétine de souris, voire dans des cultures de cellules de la rétine humaine», a affirmé le professeur Ruthazer.
Outre l’Institut neurologique de Montréal (Université McGill), l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (Université Laval) ainsi que quatre universités américaines ont participé à l’étude multidisciplinaire. La recherche a été financée par Épilepsie Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Fonds de recherche du Québec et les Instituts de recherche en santé du Canada.
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